C’est en forgeant que l’on devient forgeron… ou sculpteur !
C’est ainsi que le sculpteur autrichien Markus Strieder, qui vit en France depuis 1992, a choisi le fer forgé pour son apprentissage artistique à l’Académie des beaux-arts de Stuttgart, où il a obtenu le prix de l’Académie en 1990.
Les sculptures de Markus sont forgées librement sans éléments de forme préfabriqués, sans moyens détournés, après un travail préalable d’esquisse sujet à des calculs précis, dans laquelle l’œuvre est réfléchie jusque dans ses moindre détails. En dépit des évolutions techniques, Markus travaille à la forge selon des principes immémoriaux : forger le fer à une température de 1100 à 1240°, un ouvrier le manipulant ensuite avec de longues tenailles, ou le laminer par compression entre des cylindres.
Markus Strieder, dont le geste poétique confine à la sobriété et convoque un minimalisme zen, renonce à toute retouche de ses sculptures et laisse le matériau s’exprimer par lui-même.
L’énergie et la mécanique qui président à la genèse des sculptures transparait paradoxalement dans l’harmonie qui s’en dégage par leur matérialité massive comme dans leur simplicité de forme jusqu’à l’abstraction, leur taille… et leur position dans l’espace, en prise directe avec le sol et avec la présence des spectateurs. Pas de socle qui détruirait cette cohésion avec l’espace environnant et empêcherait l’énergie du matériau de « rencontrer la réalité ». Markus Strieder cite à ce propos le cinéaste japonais Yasujiro Ozu : «Dans l'un de ses films, il y a une scène où quelqu'un pose une bouteille devant un phare. Le fait de “poser", c'est de la sculpture».
Ainsi ces champs de « Chirats » inspirés de certains paysages minéraux du Pilat (des champs de pierres qui naissent des fractures dues au gel et dont les éléments isolés ont leur propre rigueur naturelle, leur densité et leur expansion), ou ces toupies comme métaphore de la puissance, ou encore ces lignes entortillées complexes « Lignes Syam » qui serpentent sensuellement, voire ces généreux polyèdres qui investissent des paysages variés…
Je remercie chaleureusement Markus pour la confiance qu’il m‘a témoigné en nous confiant à Anne-Charlotte Anav et moi-même la création de son site internet, travail qui a constitué, à considérer la richesse et la singularité de l’œuvre de Markus, un véritable voyage, à la manière de l’épopée grecque de l’Illiade chantée par le poète Homère : « Et ils répandirent leur souffle dans vingt fourneaux, tantôt violemment, tantôt plus lentement, selon la volonté de Hèphaistos, pour l'accomplissement de son œuvre. » (Traduction Lecomte de L’isle - 1866).
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